L’illectronisme, c’est quoi ?
L’illectronisme, c’est quoi ? L’illectronisme, terme probablement né de la fusion d’une nuit d’insomnie et d’un vieux jeu de Scrabble, désigne la difficulté ou l’incapacité à utiliser les outils numériques de base.
En cherchant cette information, vous êtes déjà en train de naviguer dans le monde numérique. Le simple fait de lire cet article sur Internet prouve votre compétence numérique. Alors, un moment pour les stars de la cybersécurité et les aficionados du tweet incessant, mais quelle est la réalité pour 15,4% de la population française qui peine avec ces technologies ? Pourquoi ces personnes se sentent-elles dépassées par un torrent numérique qui semble inévitable ?
Concrètement, c’est comme vouloir cuisiner un soufflé au fromage sans savoir allumer le four. C’est assez déstabilisant de penser que, en 2023, allumer le « four » numérique est une compétence qui manque encore à une partie significative de notre population.
——— AVOIR UNE BONNE HYGIÈNE NUMÉRIQUE – NOS 9 CONSEILS ———
On peut facilement imaginer les difficultés que cela peut poser à l’heure actuelle. De l’achat en ligne aux impôts numériques, en passant par la recherche d’emploi, il semble que tout se passe maintenant derrière l’écran brillant de notre cher ordinateur. L’ordinateur, ce partenaire de vie devenu si indispensable qu’il en devient parfois tyrannique, surtout lorsque son langage reste hermétique.
Pour certains, c’est un véritable parcours du combattant. Imaginons la scène : vous avez trouvé le cadeau parfait pour l’anniversaire de votre neveu sur une boutique en ligne. Après une lutte acharnée avec le champ « adresse de livraison », vous arrivez enfin à la phase de paiement… mais où donc est passé ce maudit code de sécurité à trois chiffres ?
Près de 10 millions de Français se retrouvent démunis face à cette déferlante numérique, ce qui les place dans une situation d’exclusion difficile à surmonter. Cette forme d’exclusion, contrairement à d’autres, se cache souvent derrière le silence de ceux qui en souffrent, rendant sa résolution d’autant plus complexe.
Si vous pensez que ce phénomène est nouveau, détrompez-vous. La première mention de l’illectronisme remonte à 1999, lors d’un discours de Lionel Jospin qui craignait que « l’essor des technologies de l’information ne creuse un fossé numérique ». Bien vu, Monsieur Jospin. Malheureusement, ces paroles prophétiques n’ont pas suffi à éviter le phénomène.
En analysant les chiffres, on constate que les personnes les plus touchées par l’illectronisme sont généralement celles en situation de précarité sociale ou économique, les seniors, les non-diplômés et les habitants des zones rurales. Mais ne vous y trompez pas, même les accros de la manette peuvent se retrouver déboussolés lorsqu’il s’agit d’utiliser la technologie pour autre chose que le divertissement. « Nager dans les eaux troubles de l’administration en ligne ? Aucun problème ! Attendez… Comment ça, j’ai besoin d’une clé d’activation ? »
C’est un fait, l’âge et le milieu socio-économique influencent grandement le taux d’illectronisme. Cependant, il serait réducteur de penser que ce fléau ne touche que les seniors ou les plus démunis. Il n’est pas rare de rencontrer des personnes plus jeunes, voire très à l’aise avec certains aspects du numérique (comme les réseaux sociaux), mais totalement déroutées face à des tâches plus formelles, comme la rédaction d’un CV en ligne ou la gestion d’un compte bancaire sur Internet.
Malgré ces difficultés, le tableau n’est pas entièrement sombre. Depuis 2019, l’illectronisme a diminué de 3 points. Cette baisse est en partie due à la pandémie de Covid-19 qui a forcé nombre d’entre nous à s’approprier des compétences numériques, parfois à marche forcée. Les outils numériques ont été adoptés à un rythme jamais vu auparavant, et de nouvelles compétences ont vu le jour, notamment dans l’utilisation des logiciels et la recherche d’informations en ligne.
——— GÉRER SON IDENTITÉ NUMÉRIQUE ———
Des initiatives ont également vu le jour pour lutter contre l’illectronisme. En 2016, un amendement a été déposé pour que le numérique, « l’alphabet des temps modernes » selon Pierre Camani, ancien sénateur socialiste, soit plus accessible à tous. En 2021, un plan de relance a permis d’investir 250 millions d’euros pour soutenir l’inclusion numérique, en particulier pour ceux qui se retrouvent en situation d’illectronisme.
C’est une véritable armée de formateurs, d’associations et de structures dédiées qui se sont mobilisées pour faire face à ce défi. Et le travail est colossal. Comme le dit l’adage, « il est plus facile d’apprendre à pêcher que de donner un poisson ». Ainsi, au-delà de l’aide ponctuelle, ces acteurs de l’inclusion numérique visent à rendre chaque personne autonome face à ces outils.
Pour continuer sur cette lancée, des espaces publics numériques ont été créés partout en France, avec une forte concentration dans les zones rurales. Ces espaces offrent une bouée de sauvetage pour ceux qui se sentent perdus en mer dans ce vaste océan numérique.
Alors oui, l’illectronisme est un défi de taille à relever, mais, comme dans le cas d’un soufflé au fromage, il faut parfois se retrousser les manches et apprendre à allumer le four. Dans notre monde de plus en plus numérique, nous devons tous nous assurer que personne n’est laissé derrière. Après tout, plus nous sommes nombreux à naviguer dans ce monde numérique, plus nous pourrons créer, innover et partager nos histoires – et ça, c’est quelque chose qui vaut la peine d’être tweeté.